Mieux comprendre la crise énergétique
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Comprendre la crise énergétique

Entre la flambée spectaculaire des prix de l’énergie, les conséquences de la guerre en Ukraine sur l’équilibre énergétique européen et une production électrique française en berne, l’hiver qui vient préoccupe.
Voici quelques clés pour y voir plus clair.

L’hiver approche…

Cette année, pas besoin d’être un fan de Game of Thrones pour que ces deux mots fassent frissonner.

Le prix des énergies atteint des niveaux vertigineux, les livraisons de gaz en provenance de Russie se tarissent et les nouvelles d’EDF sont préoccupantes. Par conséquent, les appels à la sobriété se multiplient et la crainte de coupures alimente toutes les conversations à l’approche de la saison froide.

Les ficelles de la crise

Evidemment, il est tentant de désigner la guerre en Ukraine comme la source de tous les maux mais la réalité s’avère plus complexe.

Oui, la dépendance de l’Europe au gaz russe a été cruellement mise en lumière lorsque les premières sanctions contre la Russie ont été envisagées.

Oui, les prix du gaz et du GNL ont flambé alors que tous les pays historiquement approvisionnés par la Russie cherchaient à diversifier leurs fournisseurs.

Oui, les flux du gazoduc Nord Stream ont été coupés dans ce qui ressemble fort à une réplique aux sanctions imposées à la Russie par l’Union Européenne.

Néanmoins, les capacités de stockage de gaz françaises sont remplies à 100 % depuis le 7 octobre, la dépendance au gaz russe est passée de 17 % à environ 8% et les consommateurs bénéficient d’un bouclier tarifaire qui contribue à les préserver des variations trop brutales des prix de l’énergie.

La situation du gaz en France est donc plutôt rassurante et pourtant, la tension subsiste.

C’est qu’il en va tout autrement des capacités de production d’électricité.

Le maillon faible n’est pas le gaz

A ce jour, plus de la moitié des réacteurs du parc nucléaire est à l’arrêt, soit dans le cadre d’une maintenance programmée, soit de manière préventive, pour des problèmes de corrosion.

Le faible niveau des cours d’eau et les températures élevées des derniers mois restreignent également le fonctionnement des centrales nucléaires qui doivent tourner au ralenti.

Même les installations hydroélectriques pâtissent de l’été sec et doivent gérer des réservoirs anormalement peu remplis.

EDF vient d’annoncer des objectifs a minima pour 2023 et 2024, conséquence de cette situation inédite et durable qui entraîne une forte baisse des perspectives de production et une hausse des besoins en gaz.

Historiquement, les centrales thermiques (au gaz) offrent une souplesse permettant de gérer les pointes hivernales, ces moments ponctuels qui voient la demande en énergie bondir lorsque les températures chutent.

S’il est bien prévu qu’une partie des stocks de gaz puisse être destinée à la production d’électricité dans ces centrales, les accords d’exportation signés avec l’Allemagne et un hiver particulièrement rigoureux pourraient nous obliger à puiser plus lourdement dans nos réserves.

C’est alors que l’équilibre du système pourrait être menacé, à moyen terme.

De la sobriété au délestage

L’adoption collective de mesures de sobriété énergétique, combinée à une nécessaire exemplarité de la part des entreprises et de l’administration, est devenue un enjeu de société majeur.

A l’urgence climatique s’ajoute aujourd’hui la crise.

Epuiser nos stocks de gaz dès cette année, ce serait reporter à l’an prochain le risque d’un hiver difficile.

Ainsi, le gouvernement français estime qu’en réduisant collectivement de 10% notre demande d’énergie, il serait possible de passer la saison froide sans devoir hypothéquer l’avenir.

En cas de situation critique, il existe, en électricité comme en gaz, des dispositifs d’urgence pour moduler la consommation de manière ponctuelle.

Côté électricité, de brèves interruptions de service sont sérieusement envisagées (tournantes ou à heures fixes) étant donné l’incertitude qui plane sur les capacités de production d’EDF. Ces coupures concernent aussi bien les entreprises que les particuliers.

Côté gaz, le délestage permet d’imposer à certains des clients les plus énergivores de réduire ou d’interrompre leur consommation, pour quelques heures ou quelques jours. Strictement encadré, ce dispositif ne concerne en aucun cas les particuliers.

Un mix à préserver

Quoi qu’il en soit, le gaz et l’électricité sont les deux piliers du mix énergétique français. Leurs usages se complètent et les deux ressources sont largement interdépendantes.

La tentation d’une électrification massive des usages du gaz alimente pourtant régulièrement un débat que la situation actuelle a ravivé. Avec des consommations équivalentes, se passer de l’un comme de l’autre serait une grave erreur qui menacerait rapidement notre stabilité énergétique et économique.

Les détracteurs du gaz insistent sur la nature fossile et polluante du gaz naturel traditionnel tout en décriant son coût élevé et la dépendance à la Russie ou d’autres pays politiquement instables.

Si l’évolution des prix touche toutes les énergies, les ressources existent aujourd’hui pour verdir ce gaz et sécuriser notre indépendance énergétique ; il est plus que jamais nécessaire d’accélérer la dynamique autour de la filière du biométhane, qui peut compter sur les infrastructures gazières existantes.

Et la suite ?

Bien que la situation semble à ce jour maîtrisée, il subsiste un certain nombre d’incertitudes quant à l’issue de cette crise.

La première, c’est le scénario hivernal et les conditions météorologiques que nous réservent les mois à venir.

Ensuite, on peut légitimement se demander combien de temps prendront encore les opérations de maintenance engagées par EDF. Comment évoluera la situation énergétique dans les pays européens voisins ? Quel sera l’effet des alertes Ecowatt, le dispositif du transporteur d’électricité qui prévient les consommateurs en cas de tension sur le réseau électrique ? Quel niveau afficheront les stocks de gaz à la sortie de l’hiver ? Quels seront les futurs débouchés du gaz russe et comment ceux-ci influenceront-ils les cours ?

Face à toutes ces questions et devant l’évolution continue du contexte, GRDF reste mobilisée et se tient prête à engager les discussions nécessaires ainsi que les actions requises auprès des parties prenantes, de ses salariés et de ses clients.

En revanche, quelle sera la volonté affichée par les pouvoirs publics à l’égard des gaz verts et de leur place légitime dans le mix énergétique ?

Sur ce point, une chose est certaine : la France doit se donner les moyens de développer ce potentiel, indispensable à l’atteinte de la neutralité carbone et de son indépendance énergétique.

4 questions sur la crise énergétique

Pour retrouver une version synthétique de cet article sous forme quatre questions / réponses, cliquez sur sur le lien ci-dessous.

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Pour aller plus loin...

La place du gaz dans le mix énergétique d’aujourd’hui et de demain

Le gaz est une énergie disponible et stockable qui représente 16 % du mix énergétique français et couvre 42 % des consommations de chauffage.

Pour éviter de potentielles futures crises énergétiques, il est important de miser sur la réussite de la transition énergétique en France. Celle-ci passera par la sobriété, l’efficacité énergétique, et en complément par la substitution d’énergies fortement carbonées par des énergies renouvelables ou bas carbone.

Retrouvez des informations complémentaires dans cet article.

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