Amsterdam aux Pays-Bas Gaurav_Jain_Unsplash
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Retour vers le futur aux Pays-Bas

Après avoir orchestré une mise au ban du gaz au profit d’une approche 100% électrique, le pays fait machine arrière, confronté à la réalité d’une électrification à marche forcée.
Retour sur l’impossible mise en place d’un scénario tout électrique.

2018. Les Pays-Bas décident de précipiter leur sortie du gaz.

En annonçant la fermeture du champ gazier de Groningue – le plus grand d’Europe – au plus tard en 2030 (puis en 2022) et en supprimant l’obligation légale de raccorder tout logement neuf au réseau de gaz, le gouvernement accentue alors son virage vers le tout électrique.

Une décision surprenante de la part du 3e pays producteur de gaz européen, où 9 logements sur 10 se chauffent au gaz.

Une décision néanmoins motivée par une volonté de respecter les engagements néerlandais en matière de réduction des émissions de CO2 et par la pression populaire pour restreindre l’exploitation du champ gazier, dont l’activité génère depuis des années de nombreuses secousses telluriques.

4 ans après, quel est le bilan ?

Quand la théorie se frotte à la réalité

À l’époque, la perspective d’alternatives renouvelables – électricité verte notamment – combinées à des mesures pour encourager les économies d’énergie semble offrir la réponse au défi posé par les enjeux environnementaux.

Un nombre croissant d’habitations est donc raccordé aux réseaux d’électricité et de chaleur. L’électrification du million de clients tertiaires ou industriels s’accélère. Les subventions accordées au développement de l’électricité verte se multiplient…

Mais ça coince.

Au-delà des coûts de transformation qui s’avèrent stratosphériques (lorsque cette transformation est possible), la consommation électrique s’emballe.

Quand ajoute le chauffage, l’eau chaude sanitaire et les immenses besoins énergétiques de l’industrie à un parc automobile de plus en plus tourné vers l’électrique, les limites du modèle sont vite atteintes. La demande sollicite fortement les réseaux et oblige la mise en place d’une gestion de la congestion pour limiter les connexions et même opérer des déconnexions chez les industriels lorsque nécessaire.

Et comme l’électricité verte excédentaire des producteurs locaux (en éolien et en solaire) ne peut être injectée dans des réseaux électriques qui n’ont pas été conçus pour, ces nouvelles ressources ne peuvent être mises à contribution.

Repartir dans le bon sens avec le gaz vert !

Le constat est sans appel : le gaz reste incontournable dans le mix énergétique.

Si la volonté de sortir du gaz fossile reste d’actualité, l’ambition d’électrification totale des Pays-Bas fait désormais place à une vision équilibrée intégrant un soutien fort de la filière des gaz renouvelables.

La part du gaz vert augmente significativement (+30% entre 2019 et 2020) et un seuil minimum de 20% dans le réseau à horizon 2030 devrait être intégré à la loi prochainement

Par ailleurs, des recherches sur la chaîne de valeur de l’hydrogène sont aussi subventionnées par le gouvernement pour explorer les opportunités qu’offre cette nouvelle piste.

Toutes ces démarches s’inscrivent dans une dynamique de décarbonation mais aussi de diversification et de valorisation des infrastructures gazières existantes, pour faire face aux enjeux d’approvisionnement et de dépendance mis en évidence par la guerre en Ukraine.

Quand on a la chance d’avoir deux jambes, pourquoi vouloir avancer à cloche-pied ?

Source : The Dutch gas ban and stakeholder actions - rapport Kiwa, mars 2022

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GRDF - Chiffres clés

Sites de méthanisation en injection

673

dont raccordés au réseau GRDF

561

Capacité totale installée de biométhane

12,1TWh/an

Equivalent logements neufs chauffés

3 031 250

Période de référence : mars 2024